Des textes sur des images

Ne trouvant pas l’inspiration en ce moment pour un roman ou une nouvelle, je me suis mise à écrire sans préparation aucune sur des images trouvées sur internet. Les sujets sont différents, les ambiances aussi. J’ai écrit au gré de mes envies, de mes émotions et de mon inspiration. Je vous fais partager ici quelques extraits.

La première image représente une jeune fille jouant de la flûte au bord d’une rivière :

speedpaint__58_by_sylar113-d8qtoveSource : Speedpaint#58 by Sylar113

Mon extrait :

Je ne me rappelai plus depuis combien de temps je marchais dans cette forêt. Mes pieds nus et ensanglantés ne me faisaient plus souffrir, ils s’étaient habitués aux cailloux et aux morceaux de bois qui jonchaient le chemin. Lorsque j’avais quitté la ville assiégée, je ne pensais pas me perdre dans ces bois. Habillée d’une robe bleue et blanche, j’avais des traces de ronces sur les jambes et les bras, restes de ma course effrénée pour échapper à l’envahisseur. J’étais partie sans rien que mon sac en bandoulière qui ne quittait jamais. Il ne contenait pas de nourriture, mais ma flûte s’y trouvait, c’était le principal. Je m’arrêtai lorsque je vis le couvert de la forêt s’éclaircir. Une clairière. Je m’approchai avec prudence. Une petite maison en bois se trouvait au fond. Le bruit de l’eau laissait penser qu’une rivière coulait de l’autre côté. La bâtisse était délabrée, certainement abandonnée depuis quelques temps. Un coup d’œil rapide à travers une fenêtre brisée me permit de confirmer cette supposition. Je contournai la maison et trouvai un ponton. Les feuilles de l’automne parsemaient le cours de multiples couleurs. Attirée par la beauté du paysage, j’oubliais mes terreurs des dernières heures. Je sortis ma flûte et entonnai une mélodie. Le chant des rescapés. Les notes de musique se matérialisèrent, comme à leur habitude, dans un bleu turquoise et s’envolèrent pour aller chercher la vie plus loin. Le premier air fit naître une feuille, le second un oiseau. La facilité avec laquelle je matérialisai les êtres m’avait valu à la fois du respect et de la peur. Certains considéraient cette qualité comme un don à préserver, d’autres voulaient à tout prix l’étouffer. Lorsque l’envahisseur était arrivé à nos portes, on m’avait fait monter sur les remparts et on m’avait demandé, comme à de nombreux autres jeunes vitalistes, de créer des soldats pour défendre la cité. J’avais refusé, catégorique, car je ne voulais pas donner la vie à des êtres qui allaient donner la mort, mais je dus me résigner sous la contrainte.Une erreur, car les esprits qui sortirent de ma flûte représentèrent ma peur : des spectres et des êtres fantomatiques se succédèrent et s’effacèrent aux premiers coups d’épée de l’ennemi. J’avais échoué et je m’étais enfuie.

L’image suivante est plus intrigante :

train_ombréSource : Train train quotidien by AquaSixio

Mon extrait :

Le train ralentit puis s’arrêta dans un sifflement aigu. Un épais jet de vapeur envahit le ciel et s’ajouta au brouillard qui envahissait les environs. Au devant, l’orée d’une forêt à demi cachée inquiétait le cheminot.
— Il est dangereux de continuer, dit-il à son passager imprévu.
— Avance, insista l’autre en pointant une arme sur sa tempe.
— Personne n’est revenu de ces bois, trembla le conducteur.
— Explique moi alors comment ces rails ont été construites ?
— Cela fait bien longtemps, avant même que la forêt n’envahisse les lieux.
— Trêve de bavardage, je dois aller là-bas. Redémarre ou tu y passes pour de bon.
’arme avait toujours raison. Le conducteur relança les machines et fit avancer le train sur les rails. Ils pénétrèrent dans la forêt. La brume les enveloppa. Malgré les phares de l’engin, ils ne pouvaient voir à plus de 10 mètres c’est-à-dire les rails devant eux.
— Je dois aller jusqu’où ? demanda le cheminot mal assuré.
Personne ne répondit. Il se retourna et vit l’homme sauter du train, une valise à la main puis courir en direction des arbres. Le conducteur arrêta aussitôt le train et regarda l’homme disparaître entre les arbres. Quel fou !

Et enfin, une image qui m’a inspiré du post-apocalyptique :

19334Source : Science-fiction/Ville

Mon extrait :

Jin se tenait devant moi, le dos tourné, ses longs cheveux noirs étaient balayés par un vent teinté de poussière. Face aux ruines de Myth qui s’étendait en contrebas et se poursuivait jusqu’à l’horizon, elle restait muette. Quelque chose s’était brisée en elle et je n’arrivais pas à savoir ce qui avait changé. Nous avions perdu espoir depuis bien longtemps et nous savions avant même d’arriver que Myth n’était plus que l’ombre d’elle-même. Pourtant, la réalité semblait dépasser ses visions. Peut-être avait-elle cru retrouver des quartiers épargnés ou des survivants, mais la ville était baignée dans un silence à la fois apaisant et inquiétant. Droite, les bras le longs du corps, Jin avait la pose du recueillement symbolique. Je n’osais pas bouger, mais le soleil se couchait et il fallait trouver un endroit pour dormir. Je m’avançai lentement et m’arrêtai à côté d’elle. L’orangé des derniers rayons de lumière embellissait les pierres des bâtiments encore debout et jouait avec les reflets de la rivière qui serpentait entre les épaves des bateaux échoués.
— Ne restons pas là, commençais-je. Le délabrement de cet immeuble ne me dit rien qui vaille.
Jin baissa la tête et retira une larme de sa joue.
— Oui, quittons cet endroit.
Nous descendîmes l’escalier de services encore en état. La poussière envahissait chaque recoin de la bâtisse et recouvrait les débris éparpillés dans les étages. Il n’y avait aucune trace d’êtres vivants. Si quelqu’un était passé par ici, ses pas auraient été aussitôt recouverts. Cela ne nous aidait pas à retrouver du monde, mais nous évitait d’être suivis. On ne savait jamais sur qui on pouvait tomber. Les Galath n’étaient jamais loin. Jin s’arrêta en bas et jeta un rapide coup d’œil dans la rue. Elle était vide et silencieuse, comme le reste de la ville, mais cette apparente sérénité ne devait pas nous endormir. Nos ennemis se déplaçaient dans le sol, s’insinuait dans la pierre et s’appropriait les éléments assez consistants pour les accueillir. Le seul indice que nous avions pour les repérer était un grésillement caractéristique. Jin tendait l’oreille. Elle avait l’ouïe fine. Je ne vivais dehors que depuis un an et je n’avais pas toujours les bons réflexes de survie.

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