Le bonheur des relectures
Quand j’ai commencé ma petite vie d’apprentie écrivain en couchant sur le papier toutes sortes d’histoires, je me disais que le plus dur, c’était tout simplement d’écrire. Puis, lorsque j’ai réussi à produire quelques petites nouvelles, je me suis dit que ce n’était pas si terrible. Alors, j’ai décidé d’écrire de plus grandes aventures, de plus grands récits… Et pourquoi pas des romans… Et là, bien sûr, de nouvelles difficultés me sont tombées dessus. Outre la difficulté d’aller jusqu’au bout de ce que l’on veut écrire, il y a aussi l’immense travail de relecture qui s’impatiente derrière tout ça.
Justement, en ce moment, je suis en pleine relecture d’une nouvelle et d’un roman. Et j’ai observé que les choses n’étaient pas si facile que ça. Il est vrai que si votre premier jet est superbement écrit, sans aucune imperfection, les relectures ne sont pas utiles, mais est-ce que cela existe ? Je ne suis pas une malade de la perfection, mais je pense que tout auteur est obligé de passer par ces phases de relectures. Moi encore plus, puisque mon premier jet n’est jamais très lisible.
Voici les points que j’essaie de revoir à chaque fois :
- Les fautes d’orthographe et les fautes de frappe : j’ai envie de dire que c’est la partie la plus facile à corriger. Lors du premier jet, j’écris toutes les idées qui me viennent en tête et j’ai tendance à oublier des lettres, des mots de liaison (ou même des mots tout simplement !), à faire des fautes d’orthographe impardonnable (j’écrivais la dernière fois « une cote de maille / une côté de maille » au lieu de « cotte de maille »…). Bref, tout ça peut être revu dès la première relecture, grâce à des outils de correction comme Antidote ou autre.
- La concordance des temps : c’est aussi un point que j’aborde lors de la première relecture du manuscrit. Généralement, je lutte entre l’utilisation du passé-simple et de l’imparfait. Heureusement, à la simple lecture, et donc à l’écoute, j’arrive à trouver ce qui est le plus juste. Mais, il reste souvent quelques doutes par-ci par-là, qui devront disparaitre lors de la seconde relecture.
- L’utilisation du vocabulaire (trouver le fameux mot juste) : Ah, ça, c’est mon cauchemar. Le manque de vocabulaire y est certainement pour quelque chose, mais il est impossible de tout connaitre. Et dans les descriptions, même si j’ai en tête l’image parfaite de ce que je veux retranscrire, les mots ne se laissent pas facilement trouver. Le dictionnaire des synonymes devient mon ami. Et je l’emploie au cours de toutes les phases de relecture, de la première à la dernière.
- L’amélioration de certains passages : il est possible que par manque d’inspiration, j’ai délaissé certains passages. Il manque alors de la description ou des idées. Et je me force, dès la première relecture à les réparer.
- Les enchainements et la cohérence des évènements : ceci intervient un peu plus tard, une fois les précédents points effectués. Il est remarquable de voir que des objets, des lieux ou même des personnages changent d’une page à l’autre (exemple : j’écrivais récemment que l’un de mes personnages se trouvait dans la cuisine, eh bien devinez quoi, deux pages plus loin, il est dans la chambre… Soit il a décidé de vivre sa vie au dépend de l’auteur, ce que je peux comprendre, soit j’ai un peu oublié de le faire se déplacer… Autre exemple : un de mes personnages trouve un bracelet et le laisse dans la chambre. Une page plus loin, il l’a au poignet sans autre explication ! Quel incroyable magie !). Pour les enchaînements, il m’arrive d’abuser de temps à autre d’ellipse, c’est-à-dire que j’omets volontairement la description d’un évènement, laissant ainsi le lecteur se faire sa propre idée. C’est joli et ça donne du style, mais il ne faut pas qu’elle soit le reflet de la fainéantise de l’auteur.
- La fluidité de la lecture : je considère ce point comme l’ultime condition avant de présenter un texte. Pour moi, il intervient lors de la dernière relecture. Je lis, à haute voix si possible, l’histoire et je vois tout de suite si ça accroche ou pas. C’est une phase de peaufinage.
La nouvelle sur laquelle je suis en ce moment est en 3ème relecture. Je dois encore corriger quelques incohérences et vérifier la fluidité de la lecture. Après cela, il sera temps de la présenter à des bétalecteurs. Le retour de personnes extérieures est un point extrêmement important, car à force de relire, on ne voit plus grand chose. Une vision neuve ne peut être que bénéfique !
Et ne croyez pas que les relectures se terminent là ! Car avec les retours des bétalecteurs arrive une nouvelle batterie de relecture !
Finalement, j’estime que le temps de relecture est trois plus long que celui de l’écriture. Bien sûr, avec l’habitude et l’expérience, on réduit fortement ce temps, mais il reste tout de même une part importante dans la création d’un texte.